• Dorvan Photographie : Le Meurtre (récit par Ariane Lumen)


     

     

                      
    Un Meurtre reste un Meurtre........
    même s'il fait beau depuis....
                                  
              
                                        
                      
                      
    Un énorme grondement venait soudainement troubler la tranquillité de la place principale de ce village. Les vieux et les jamais vieilles aimaient à se réunir          ici à la fraîche, sous les platanes. Ils levaient alors un peu la tête, mais nulle trace d'un orage décorait le ciel. Puis le silence était revenu. Les conversations mises en veille un          court instant sur les aléas du temps qu'il faisait reprenaient , la sècheresse qui durait maintenant depuis des semaines, des mois, et la menace du manque d'eau , une récolte compromise et          que sans doute le prochain hiver s'annoncerait dur. Ils interrompaient encore une fois les débats en voyant arriver un groupe de jeunes filles en rang par deux , un peu pleureuses sous les          platanes de la place. Un léger souffle du vent fripon soulevait un peu les jupons , allumait le regard des vieux, et provoquaient des remarques presque haineuses des jamais vieilles, qui de          leur temps ne se seraient pas permises de se promener presque toute nue......... Y ajoutant dans la foulée la mémoire de feu leurs pauvres pères , dont le bon Dieu là – haut possédait          forcément leurs âmes. Ils reposaient tous au cimetière juste à côté de l'église. Quelques -uns avaient leur nom gravés sur le monument aux morts........ces héros, fils de famille, morts          pour la patrie dans parfois des guerres lointaines , mais on n'en parlait guère.
                      
                      
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    Étrange.....un cri strident venant de derrière la colline boisée faisait froncer les sourcils , et tous levaient encore un peu la tête . Un cri de détresse ,          comme un signal que l'on reconnaissait à son pouvoir à inquiéter les gens , faisant battre les cœurs fragilisés des jamais vieilles qui peut être n'en avaient pas encore vu d'autres. Un          vieil homme avec sur sa tête une casquette de marin , un moustachu aux yeux clairs se mit à parler avec une voix tremblante. Il disait savoir qui criait là – haut, à l'orée du bois. Il y          rôderait une fée, comme une princesse, dans une magnifique robe blanche, celle que l'on ne met que les dimanches pour aller à la messe ou aller danser une fois la nuit venue. Elle était          toujours accompagnée par un joyeux vol d'oiseaux qui lui servait de chorale quand elle se mettait à chanter. Et quand elle chantait tout le monde se taisait, on écoutait. Elle marchait          comme une gazelle dans des champs de blé aussi blonds que ses longs cheveux flottant aux gré des vents , comme ces drapeaux qui ornent les bateaux qui passent au large pas très loin d'ici          .
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    Mais il y avait aussi un chevalier, venu d'on ne sait où. Beau, fort, grand et mince, il montait un cheval blanc, un cheval avec des ailes. C'était sûrement          un prince avec dans sa bouche des dents en or et quand on l'entendait rire le ciel s'éclaircissait . Les nuages devenaient alors des temples avec des arcs en argent, le ciel bleu azur , son          royaume. Il chassait les orages qu'il savait faire fuir et il savait construire un arc en ciel . Avec les éclats de ses dents forts comme des rayons brûlants il était capable de fendre les          roches de granit , tout comme le soleil qui lui aussi peut tuer. Il pouvait faire pleuvoir et remplissait ainsi les lacs et les rivières Les oiseaux se taisaient alors, tant il en          imposait.
                      
                      
                      
    Et quand le chevalier a rencontré la fée il l'a amené sur son cheval blanc pour lui faire connaître le septième ciel, qui existe bel et bien. Il ne lui avait pas demandé son avis, et de          toute façon elle n'avait rien demandé , seuls les oiseaux réussissaient à les accompagner vers ce jardin de luxure , au paradis du vent au souffle chaud.
                      
                      
                      
    Puis un autre cri venait troubler le calme de cette place entourée de maisons aux vieilles pierres, qui elles, si elles pouvaient parler vous en raconteraient          bien d'autres encore. Un cri atroce, le boulanger sortant de derrière son four pour se mettre sur le pas de la porte de sa boutique, le garçon de café qui soudainement cessait de servir les          quatre touristes qui trainaient encore sur la terrasse de son bistrot. Et tous ont levé la          tête . Quelque chose de grave venait d'avoir lieu.
                      
                      
               
    On ne parlait plus, un silence de mort installé . Comme un calme avant la tempête qui ici n'est pas rare. Mais c'était bien plus inquiétant que cela. Les          vieux se regardaient en pensant qu'il fallait faire quelque chose. Aucune des jamais vieilles n'osait donner son avis........leur instinct supposé maternel commandait de se taire devant la          la situation que l'on savait déjà grave. On en devinait l'horreur mais cela ne se disait pas.
                      
                      
                      
    Trois vieillards se sont alors levés, et ils marchaient à pas lents et prudents vers le bois, sous la conduite de l'homme à la casquette de marin, à la          moustache tremblante et aux yeux clairs avec des larmes aux yeux. Et quand ils arrivaient à l'orée du bois ils y trouvaient étendu dans l'herbe ce magnifique chevalier, son corps inanimé à          côté de son cheval blanc qui lui prit son envol vers l'au – delà , drapé de la robe blanche de là gazelle taché de rouge sang .
                      
                      
                      
    Les hommes restaient silencieux devant l'effroyable spectacle qui se dessinait devant eux. A la place de la tête du chevalier il y avait un énorme trou dont          coulait le sang qu'ils savaient si noble . Ils levaient dans leur désespoir la tête et contemplaient le ciel un peu menaçant maintenant . Que pouvaient – ils faire devant un désastre aussi          atroce ?
                      
                      
                      
    Il retournaient la tête basse vers leur village, ne disaient mot à personne et encore moins aux jamais vieilles, qui d'ailleurs ne posaient aucune          question........elles avaient tout compris et ce n'était pas le moment de poser des questions. Au loin on entendait encore les pleurs de la fée, ou était – ce elle aussi une princesse ?
                      
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    Et ce soir – là un grand orage est arrivé, le chevalier en colère ,déchirait le ciel avec ses éclairs de toutes les couleurs, mettant ainsi le feu aux bois et          les broussailles , prouvant en même temps qu'une autre vie, ailleurs , existe ! Était – ce une punition ?
                      
                      
                      
    Mais depuis il fait beau par ici.......et un meurtre reste un meurtre, même quand brille le soleil. Parfois on entend pleurer . On ne le sait pas vraiment . Depuis longtemps maintenant on n'entend plus chanter          les oiseaux . Il reste juste encore un peu de bruit qui vient de la mer, et le souffle du vent glacial.
                      
                      
                      
                      
                      
    Paysage du Périgord Ariane Lumen        
               Le village, acryl syr papier de Couze, 65 x 50, Ariane Lumen
                      
                      
                      
                      
                      
                      
                Ariane Lumen Contact : alume@orange.fr         
                      
                            
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